Les Nigériens ont voté lundi dans le calme pour une élection présidentielle destinée à installer un civil au pouvoir, après le coup d'Etat militaire de février 2010 contre Mamadou Tandja, et endiguer la menace d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Vers 08H00 (07H00 GMT), le chef de la junte aux commandes depuis un an, le général Salou Djibo, qui n'est pas candidat, a donné le coup d'envoi du scrutin en votant à la mairie de Niamey.
Appelant les quelque 6,7 millions d'électeurs à voter "massivement", il a exprimé son "espoir parce que c'est un nouveau départ pour le Niger".
Dans la capitale, après un démarrage timide, les électeurs se faisaient plus nombreux au fil de la journée devant les bureaux de vote, ouverts jusqu'à 18H00 GMT pour la présidentielle couplée à des législatives.
Après avoir voté dans un quartier populaire de l'ouest de Niamey, Djibo Hadjara, enseignante d'une trentaine d'années, a confié à l'AFP que ce jour était si important pour elle qu'elle n'a pas pris le temps de "préparer le petit déjeuner pour (ses) enfants". "Je veux que le nouveau président aide les pauvres et surtout les enseignants et les élèves".
Amadou Hassane, étudiant, "espère que le nouveau président sera là pour le peuple et non pour sa famille", un grief souvent entendu en ce jour.
"Dans l'ensemble le vote se déroule dans le calme", a indiqué une source à la commission électorale. Elle a toutefois reconnu, comme certains candidats, de "petits problèmes" tels que des bulletins manquants dans certains bureaux.
"Tout est calme" à Agadez (nord), dans la région où avaient été enlevés en septembre 2010 par Aqmi cinq Français, un Togolais et un Malgache sur un site minier, a rapporté à l'AFP un journaliste local.
A Zinder (centre-est), Dosso (sud) et dans la capitale économique Maradi (sud-est), la mobilisation des électeurs était conséquente, ont indiqué des sources locales.
Cinquante ans après l'indépendance de cette ex-colonie française abonnée aux coups d'Etat, dix candidats se disputent le fauteuil présidentiel.
Dans ce pays enclavé du Sahel, l'un des plus pauvres du monde, quatre hommes font figure de favoris.L'opposant historique Mahamadou Issoufou, arrivé en tête aux municipales le 11 janvier, espère que "l'heure de la victoire a sonné", son slogan de campagne.
Face à lui, Seini Oumarou, ex-chef du gouvernement de M. Tandja (2007-2009), porte les couleurs du parti du président déchu. Un autre ancien Premier ministre de M. Tandja, Hama Amadou (2000-2007), tombé ensuite en disgrâce, et Mahamane Ousmane, premier président démocratiquement élu (1993-1996), sont les autres prétendants sérieux.
Dans une alliance de dernière minute, le trio Oumarou/Amadou/Ousmane s'est engagé à soutenir celui d'entre eux qui arriverait au second tour, prévu le 12 mars. L'investiture du nouveau président est fixée au 6 avril, clôturant la transition engagée par la junte.
Au pouvoir de 1999 à 2010, M. Tandja, qui avait créé une grave crise en cherchant à se maintenir au-delà de son second et dernier quinquennat légal, suit la bataille depuis la prison de Niamey où il a été jeté mi-janvier. Soupçonné de malversations financières, il était retenu depuis le putsch dans une villa dans l'enceinte de la présidence.
Mais Seini Oumarou a estimé qu'"il n'y a aucune raison" que le "prisonnier politique" Tandja "reste en prison après les élections".
Dans ce pays très pauvre, frappé par des crises alimentaires cycliques mais qui est pourtant l'un des premiers producteurs d'uranium au monde, le prochain chef de l'Etat aura des défis immenses à relever.
Le prochain président devra enrayer la menace grandissante d'Aqmi, qui multiplie les rapts d'Occidentaux au Sahel. Les jihadistes ont enlevé le 7 janvier deux jeunes Français, tués le lendemain lors d'un sauvetage manqué au Mali. Le rapt était survenu en plein Niamey, une première.
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