Après l'enlèvement de sept expatriés à la mi-septembre, le Niger renforce sa présence militaire dans sa zone nord mais la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) reste un défi immense pour l'un des pays les plus pauvres du monde.
Depuis quelques jours, la cité minière d'Arlit (1.200 km au nord-est de Niamey) où ont été kidnappés cinq Français, un Togolais et un Malgache - pour l'essentiel des collaborateurs du groupe nucléaire français Areva et d'un sous-traitant - est sous haute surveillance, selon des habitants.
"Des militaires à bord de 4X4 sont positionnés à différents points stratégiques: hôpitaux, magasins, lieux de distraction", raconte à l'AFP un fonctionnaire qui décrit "des patrouilles en ville et dans les cités où habitent les expatriés et salariés locaux d'Areva".
Pour le gouvernement qui s'est concerté avec le groupe français après les dissensions initiales, il s'agit de démontrer que l'exploitation minière, première richesse nationale, peut continuer.
Areva qui avait évacué en urgence son personnel non-nigérien, envisagerait d'ailleurs de faire revenir quelques expatriés "dans les semaines qui viennent", selon des informations de presse.
Mais le pays reste confronté à la menace des "groupes armés", souligne le journaliste nigérien Moussa Aksar: ils "essaient de faire du Niger une tête de pont pour Al-Qaïda au Sahel".
Aqmi a signé son premier raid au Niger fin 2008 en enlevant à une quarantaine de km à l'ouest de Niamey deux diplomates canadiens, libérés en avril 2009. Un an plus tard, le Français Michel Germaneau était à son tour kidnappé, avant de trouver la mort en juillet.
Avec quelques milliers d'hommes aux modestes moyens, l'armée nigérienne qui a perdu une dizaine d'éléments dans des attaques attribuées à Aqmi fin 2009-début 2010, a fort à faire.
Porosité des frontières, immense étendue désertique, instabilité politique : le pays se prête aux menées jihadistes, avance le journaliste.
"Par manque de moyens logistiques et de renseignements, le Niger est le ventre mou du Sahel", confirme une personnalité touareg familière des questions sécuritaires.
L'historien Djibo Hamani évoque "la faiblesse de la maîtrise" par le Niger de son vaste territoire.
Terre d'uranium et de tourisme, le nord du Niger est une zone désertique couvrant près des deux tiers des quelque 1,2 million de km2 du pays, jusqu'au Mali et à l'Algérie. La région est fréquentée par des "bandits armés", souvent d'ex-rebelles touareg perdus depuis leur démobilisation fin 2009, qui peuvent collaborer avec Aqmi.
"C'est truffé de grottes, de vallées, de montagnes, de labyrinthes, donc de gîtes imparables pour des malfaiteurs", relève Mohamed Agali, guide touristique à Agadez (nord).
"Même en plaçant un soldat à tous les kilomètres, il est impossible de surveiller la région", tranche Mamane Salifou, gendarme de retour du nord.
Tout en rappelant que des militaires nigériens ont été formés à la traque contre Al-Qaïda par des GI's américains, un officier insiste sur le fait que cette "guerre" ne peut en effet "être gagnée avec le seul arsenal conventionnel": "il faut combiner avec de solides renseignements".
Pour l'homme politique Sanoussi Jackou, Paris et Niamey doivent donc impérativement se "coordonner" en la matière.
La France a déployé 80 soldats au Niger pour tenter d'identifier le lieu où sont détenus les otages, qui se trouveraient aux confins du nord du Mali et du sud de l'Algérie.
Pour l'ex-ambassadeur nigérien en Libye Issoufou Bachar, il y a urgence: "Al-Qaïda a de nombreux sympathisants au Niger susceptibles à tout moment de se mettre gratuitement à sa disposition
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