La protection des résidences des salariés d'Areva et de Vinci sur le site d'Arlit aurait dû être assurée par des Français et non pas par des autochtones. C'est sans doute la principale faille du dispositif de sécurité. «Le premier cercle autour des expatriés doit toujours être du ressort d'une structure de sécurité contrôlée par leur entreprise», recommande Frédéric Gallois, patron de la société de sécurité Gallice, qui intervient en Afrique et en Irak. Dans le cas d'Areva, les habitations des expatriés étaient surveillées par 150 Nigériens employés par une société de sécurité locale, et non armés. Ils ont failli à leur tâche de repérer des mouvements suspects les jours qui ont précédé le rapt, les ravisseurs se trouvant dans la ville «trois ou quatre jours» avant leur méfait, selon une source touareg citée par l'AFP. Autre reproche fait à Areva : ces supplétifs ne sont pas armés. «Cela nous est imposé par l'accord-cadre que nous avons signé avec le Niger», souligne-t-on chez Areva. Quoi qu'il en soit, les bas salaires (à peine 50 euros par mois) offerts aux agents locaux en font des proies faciles pour les hommes de main d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), dont le trésor de guerre est alimenté par des rançons.
Areva a-t-il eu tort de confier à d'anciens rebelles touaregs une part de la responsabilité de la protection de leur site ?
«Contrairement à ce qu'a affirmé un ex-ministre nigérien, Areva n'a pas recruté deux anciens leaders de la rébellion touaregs», rectifie un porte-parole de la société française. Il est normal, en revanche, que des ex-insurgés fassent profiter l'équipe de sécurité d'Areva sur place de leur connaissance du terrain. «Ils sont mieux à même de nous fournir le bon renseignement», souligne-t-on chez Areva. Cela correspond aussi à la tradition française de se reposer sur les Touaregs, ajoute le spécialiste de l'Afrique, Antoine Glaser. Revers de la médaille : l'armée nigérienne a vu d'un très mauvais œil ce partenariat.
Les salariés d'Areva victimes des accords passés avec le Niger ?
C'est sans doute l'autre faille du dispositif. Mais comment faire autrement ?«La junte nigérienne au pouvoir est très susceptible vis-à-vis de la France et d'Areva», insiste Glaser. Avant elle, déjà, le pouvoir du colonel Tandja avait imposé à Areva de strictes conditions de sécurité, notamment le pourcentage de Nigériens que la firme française devait recruter. Si ceux-ci peuvent fournir du renseignement, ils sont également perméables aux infiltrations. Après de premières alertes l'an dernier, consécutives à des enlèvements manqués par des Touaregs, Areva et la société française EPEE en charge de la liaison avec l'armée nigérienne, avaient proposé l'envoi à Arlit d'un détachement des Forces spéciales françaises. «Face à la menace militaire d'Aqmi, il nous paraissait indispensable de passer à l'échelon supérieur et de répondre par une protection militaire», révèle une source informée, qui regrette que l'armée nigérienne ait mis son veto.
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