Niger : le principal opposant se met "à la disposition de la justice"
NIAMEY — Mahamadou Issoufou, principal opposant du président nigérien Mamadou Tandja et sous le coup d'un mandat d'arrêt international, est rentré au Niger pour se mettre "à la disposition de la justice", a-t-il indiqué samedi dans les médias privés.
"Dès que j'ai appris qu'un mandat d'arrêt avait été lancé contre moi, j'ai décidé de rentrer pour me mettre à la disposition de la justice", a déclaré l'opposant, accueilli vendredi soir à l'aéroport de Niamey par des milliers de partisans qui l'ont escorté jusqu'à sa résidence.
Il arrivait d'Abuja, la capitale nigériane, où il avait effectué un séjour.
Des mandats d'arrêts internationaux ont été délivrés jeudi contre Issoufou et l'ex-Premier ministre, Hama Amadou, pour un présumé "blanchiment de capitaux", selon Garba Lompo, ministre nigérien de la Justice.
Les deux opposants sont accusés d'avoir fait "circuler des sommes très importantes d'origine douteuse dans des comptes en Afrique et en Europe", a dit le ministre.
M. Lompo n'a pas chiffré ces sommes mais indiqué avoir saisi Interpol.
MM. Issoufou et Amadou sont opposés au maintien au pouvoir du président Tandja, 71 ans, qui a obtenu par le biais d'un référendum constitutionnel très controversé de rester en fonction jusqu'en 2012 au lieu de se retirer en décembre 2009 comme initialement prévu.
Pour arriver à ses fins, M. Tandja avait dissout le Parlement et la Cour constitutionnelle qui s'opposaient à son projet.
MM. Amadou et Issoufou ainsi que le président du Parlement dissout, Mahamane Ousmane, également accusé de "blanchiment de capitaux", font actuellement l'objet d'une campagne menée par les partisans du président Tandja sur les médias d'Etat où ils sont qualifiés de "traîtres et d'apatrides" pour un présumé "rôle" dans la suspension du Niger par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Déjà opposée au référendum, la Cédéao a suspendu le Niger qui a tenu des législatives controversées et affirmé qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats du scrutin boycotté par l'opposition.
La Cédéao demande à M. Tandja d'ouvrir le dialogue avec ses opposants.
samedi 31 octobre 2009
mardi 27 octobre 2009
Uranium ou Démocratie ?
Niger : Uranium ou démocratie ?
FRANCE/AFRIQUE, Politique Alors que le Président du Niger, Mamadou Tandja, vient de finir son bidouillage constitutionnel en vue de se donner la possibilité d'être président à vie de ce grand pays de l'Afrique de l'ouest, tous les regards des opposants sont tournés vers la France qui entretient des relations particulièrement fortes avec le pouvoir local.Il faut dire que le Niger n'est pas un pays comme les autres. Il abrite l'une des plus importantes mines d'uranium au monde, le gisement d'Imouraren. Areva y a signé un accord stratégique pour l'extraction du minerais et les chinois sont aux abois.En mars dernier, le Président Tandja donnait une conférence de presse à l'occasion de la visite éclair de Nicolas Sarkozy dans le pays. Il déclarait :"Notre constitution, que je respecte grandement ; j’ai grandi dans des règlements militaires, j’ai connu les lois et règlements de mon pays en tant que soldat, je suis venu à la politique, j’ai connu ce qu’est la constitution et j’ai aimé la démocratie. Dieu faisant bien les choses, me voilà un matin devenu Président de la République avec un droit de deux mandats que la Constitution me permet. Voilà que je termine mes deux mandats. Grandir, pour moi, est de partir la tête haute. Quand la table est desservie, il faut partir. Ne pas chercher à radoter autour, pour chercher un autre mandat. Je suis très clair là-dessus. Je n’ai jamais demandé à aucun Nigérien, un instant : est-ce qu’on peut ceci, on peut cela, où on va ? Jamais. Et je ne le ferai jamais, demander quoi que ce soit pour qui m’amène à changer la constitution nigérienne ou alors à chercher des modifications dans notre constitution." Six mois nous séparent de cette promesse pourtant sans équivoque et le Président Sarkozy était présent. Il sera certainement intéressant de voir l'ampleur de l'indignation française.On pourra ainsi mesurer qui de la démocratie et de parole donnée ou de l'uranium représente une priorité pour Nicolas Sarkozy.
FRANCE/AFRIQUE, Politique Alors que le Président du Niger, Mamadou Tandja, vient de finir son bidouillage constitutionnel en vue de se donner la possibilité d'être président à vie de ce grand pays de l'Afrique de l'ouest, tous les regards des opposants sont tournés vers la France qui entretient des relations particulièrement fortes avec le pouvoir local.Il faut dire que le Niger n'est pas un pays comme les autres. Il abrite l'une des plus importantes mines d'uranium au monde, le gisement d'Imouraren. Areva y a signé un accord stratégique pour l'extraction du minerais et les chinois sont aux abois.En mars dernier, le Président Tandja donnait une conférence de presse à l'occasion de la visite éclair de Nicolas Sarkozy dans le pays. Il déclarait :"Notre constitution, que je respecte grandement ; j’ai grandi dans des règlements militaires, j’ai connu les lois et règlements de mon pays en tant que soldat, je suis venu à la politique, j’ai connu ce qu’est la constitution et j’ai aimé la démocratie. Dieu faisant bien les choses, me voilà un matin devenu Président de la République avec un droit de deux mandats que la Constitution me permet. Voilà que je termine mes deux mandats. Grandir, pour moi, est de partir la tête haute. Quand la table est desservie, il faut partir. Ne pas chercher à radoter autour, pour chercher un autre mandat. Je suis très clair là-dessus. Je n’ai jamais demandé à aucun Nigérien, un instant : est-ce qu’on peut ceci, on peut cela, où on va ? Jamais. Et je ne le ferai jamais, demander quoi que ce soit pour qui m’amène à changer la constitution nigérienne ou alors à chercher des modifications dans notre constitution." Six mois nous séparent de cette promesse pourtant sans équivoque et le Président Sarkozy était présent. Il sera certainement intéressant de voir l'ampleur de l'indignation française.On pourra ainsi mesurer qui de la démocratie et de parole donnée ou de l'uranium représente une priorité pour Nicolas Sarkozy.
La démocratie agonise, Paris fore à tout-va au Niger
La démocratie agonise, Paris fore à tout-va
NIGER - Le parti du président Mamadou Tandja a remporté les élections législatives controversées...
La démocratie nigérienne bat de l'aile. En maintenant, la semaine dernière, des élections législatives contestées, le président nigérien, Mamadou Tandja, a définitivement réussi à confisquer les institutions de son pays. Un virage amorcé le 4 août dernier, lors d'un référendum à l'issue duquel il a fait modifier la Constitution pour prolonger son mandat jusqu'en 2012, au lieu de se retirer en 2009 comme prévu. Sans surprise, les résultats de la consultation connus samedi ont donné une victoire écrasante à son parti, avec 76 sièges sur 113 au Parlement.
«Un véritable coup d'Etat constitutionnel», dénonce Olivier Thimonier, secrétaire général de Survie, qui travaille sur la politique de la France en Afrique. Pour l'association, cette situation n'est possible qu'en raison de la rente tirée des ressources en uranium du pays et accaparée par ses dirigeants. Principal acteur de l'exploitation minière au Niger: la société française Areva, anciennement Cogema. Une position qui remonte à 1961, aux lendemains de l'indépendance et de la signature d'un accord de défense entre Paris et Niamey instaurant un accès privilégié de la France aux ressources nigériennes. Ainsi, Areva, leader mondial du nucléaire civil, tire aujourd'hui près de 40% de sa production d'uranium des mines d'Arlit et d'Akouta.
Pas étonnant donc que Paris se soit montré plutôt timide pour dénoncer les agissements du président Tandja. Par la voie de son porte-parole, le Quai d'Orsay a dit «veiller à préserver des contacts à haut niveau avec la classe politique nigérienne et, tout particulièrement, avec les représentants de l'opposition.» Pas de condamnation ni d'avertissement à l'adresse d'un régime qui, en quelques semaines, a fait arrêter pas moins de cinquante militants opposés à la réforme constitutionnelle, et qui a accusé de corruption chaque député qui critiquait la confiscation des institutions par l'exécutif.
Pour Antoine Glaser, directeur de La Lettre du Continent, la France est même la complice tacite de ce coup de force de Tandja contre les institutions: «C'est le partenaire privilégié pour l'exploitation de la mine d'uranium d'Imouraren, donc il est très important qu'il reste en poste.» Ce site, découvert en 1966 par Areva (alors CEA), est au coeur des relations entre Paris et Niamey. Il explique la grande prudence dont fait preuve la France dès qu'on touche aux affaires nigériennes. Car il aura fallu attendre plus de quarante ans pour qu'Areva obtienne le permis d'exploiter Imouraren, en janvier 2009. Ce site, le plus important d'Afrique, devrait entrer en service en 2012 pour trente-cinq ans au moins et permettre à Areva de doubler ses ressources en uranium, pour atteindre 10.000 tonnes par an.
Symboliquement, c'est à l'occasion de l'inauguration de la mine, le 4 mai dernier, que Mamadou Tandja, 71 ans, a fait part aux autorités françaises, représentées par Alain Joyandet, secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, de sa volonté de prolonger son mandat. Au cabinet du ministre, on dit avoir pris la peine d'exprimer à Tandja la ferme opposition de Paris à ses projets. «Mais, pour des raisons de sécurité dans cette zone du Sahel où Al-Qaida est de plus en plus présente, on ne peut pas aller jusqu'à la rupture des liens.» Rien qui, dans le discours officiel, ne concerne Areva et ses intérêts gigantesques dans le pays.
La présence d'Areva au Niger n'est, en outre, pas exempte de reproche. Des rapports de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) ont mis en cause les « négligences » du groupe nucléaire en matière de protection sanitaire et environnementale. Autant d'accusations qu'Areva dément. Reste ce constat, implacable. Après quarante ans de présence du géant du nucléaire civil, le Niger reste l'un des pays les plus pauvres du monde.
Armelle Le Goff
NIGER - Le parti du président Mamadou Tandja a remporté les élections législatives controversées...
La démocratie nigérienne bat de l'aile. En maintenant, la semaine dernière, des élections législatives contestées, le président nigérien, Mamadou Tandja, a définitivement réussi à confisquer les institutions de son pays. Un virage amorcé le 4 août dernier, lors d'un référendum à l'issue duquel il a fait modifier la Constitution pour prolonger son mandat jusqu'en 2012, au lieu de se retirer en 2009 comme prévu. Sans surprise, les résultats de la consultation connus samedi ont donné une victoire écrasante à son parti, avec 76 sièges sur 113 au Parlement.
«Un véritable coup d'Etat constitutionnel», dénonce Olivier Thimonier, secrétaire général de Survie, qui travaille sur la politique de la France en Afrique. Pour l'association, cette situation n'est possible qu'en raison de la rente tirée des ressources en uranium du pays et accaparée par ses dirigeants. Principal acteur de l'exploitation minière au Niger: la société française Areva, anciennement Cogema. Une position qui remonte à 1961, aux lendemains de l'indépendance et de la signature d'un accord de défense entre Paris et Niamey instaurant un accès privilégié de la France aux ressources nigériennes. Ainsi, Areva, leader mondial du nucléaire civil, tire aujourd'hui près de 40% de sa production d'uranium des mines d'Arlit et d'Akouta.
Pas étonnant donc que Paris se soit montré plutôt timide pour dénoncer les agissements du président Tandja. Par la voie de son porte-parole, le Quai d'Orsay a dit «veiller à préserver des contacts à haut niveau avec la classe politique nigérienne et, tout particulièrement, avec les représentants de l'opposition.» Pas de condamnation ni d'avertissement à l'adresse d'un régime qui, en quelques semaines, a fait arrêter pas moins de cinquante militants opposés à la réforme constitutionnelle, et qui a accusé de corruption chaque député qui critiquait la confiscation des institutions par l'exécutif.
Pour Antoine Glaser, directeur de La Lettre du Continent, la France est même la complice tacite de ce coup de force de Tandja contre les institutions: «C'est le partenaire privilégié pour l'exploitation de la mine d'uranium d'Imouraren, donc il est très important qu'il reste en poste.» Ce site, découvert en 1966 par Areva (alors CEA), est au coeur des relations entre Paris et Niamey. Il explique la grande prudence dont fait preuve la France dès qu'on touche aux affaires nigériennes. Car il aura fallu attendre plus de quarante ans pour qu'Areva obtienne le permis d'exploiter Imouraren, en janvier 2009. Ce site, le plus important d'Afrique, devrait entrer en service en 2012 pour trente-cinq ans au moins et permettre à Areva de doubler ses ressources en uranium, pour atteindre 10.000 tonnes par an.
Symboliquement, c'est à l'occasion de l'inauguration de la mine, le 4 mai dernier, que Mamadou Tandja, 71 ans, a fait part aux autorités françaises, représentées par Alain Joyandet, secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, de sa volonté de prolonger son mandat. Au cabinet du ministre, on dit avoir pris la peine d'exprimer à Tandja la ferme opposition de Paris à ses projets. «Mais, pour des raisons de sécurité dans cette zone du Sahel où Al-Qaida est de plus en plus présente, on ne peut pas aller jusqu'à la rupture des liens.» Rien qui, dans le discours officiel, ne concerne Areva et ses intérêts gigantesques dans le pays.
La présence d'Areva au Niger n'est, en outre, pas exempte de reproche. Des rapports de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) ont mis en cause les « négligences » du groupe nucléaire en matière de protection sanitaire et environnementale. Autant d'accusations qu'Areva dément. Reste ce constat, implacable. Après quarante ans de présence du géant du nucléaire civil, le Niger reste l'un des pays les plus pauvres du monde.
Armelle Le Goff
lundi 26 octobre 2009
De l' Association SURVIE sur le Niger
Législatives au Niger : La France ne doit pas entériner la dictature
octobre 2009 par Survie
L’organisation ce 20 octobre d’élections législatives, boycottées par l’ensemble des forces démocratiques, constitue une nouvelle étape dans la dérive dictatoriale de Mamadou Tandja, à la tête du premier pays fournisseur d’uranium à la France. Nos associations demandent donc l’annulation de ces élections et des sanctions de la France et de l’Union européenne visant au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Ce qui est considéré comme un coup d’Etat constitutionnel est le résultat d’un processus de destruction des institutions démocratiques par Mamadou Tandja initié dès la fin de l’année 2008, afin de rester président, en opposition avec la constitution nigérienne. Refusant de se soumettre aux avis de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, il a dissous ces institutions et pris les pleins pouvoirs. Il a alors eu les mains libres pour organiser un référendum-plébiscite, le 4 août, dont les résultats truqués ont été sans surprise : la poursuite de son mandat.
Avec une nouvelle constitution taillée sur mesure et promulguée le 18 août 2009, Mamadou Tandja reste président jusqu’en 2012 et peut se représenter à volonté. Il devient « le détenteur exclusif du pouvoir exécutif » alors que les prérogatives des députés sont considérablement réduites. Par ailleurs, le Conseil Supérieur de la Communication et la Cour constitutionnelle sont désormais sous sa coupe puisqu’il y nomme plus de la moitié des membres.
Parallèlement, les dérives autoritaires sont flagrantes : rejet dans l’illégalité des grèves et manifestations, entrave à la liberté de réunion des militants, mise en accusation de 128 députés, plainte contre 8 directeurs de publication, emprisonnement de 50 opposants membres de la CFDR (Coordination des Forces pour la Démocratie et la République, regroupant les 7 centrales syndicales, la majorité des partis politiques, y compris un pan du parti présidentiel et la société civile).
Ces élections législatives, boycottées par les forces démocratiques, permettront de sceller le coup d’Etat constitutionnel d’un président de plus en plus isolé aux niveaux national et international. Au Niger, adossé aux revenus des industries extractives, il ne tient plus que grâce à une frange minime de l’armée. Depuis 2007, il a distribué 158 permis miniers ou pétroliers par le biais d’un groupe opaque d’affairistes composé notamment de deux de ses fils. Sur la scène internationale, le Niger a subi un fort discrédit : l’Union Européenne a gelé son aide début juillet et nombre de coopérations bilatérales ont suspendue la leur (notamment le Luxembourg et le Danemark).
Mais Mamadou Tandja est soutenu par la Libye et par la diplomatie française qui freine toute prise de décision ferme de l’Union Européenne. Une attitude en relation évidente avec la position dominante d’Areva au Niger.
Le 10 août, le Quai d’Orsay a simplement « pris note » des résultats du référendum et a appelé à des législatives avec une large participation des forces politiques, ce qui est une façon de légitimer le régime et de soutenir à mots couverts le président.
Face à cette situation, l’association Survie se fait le relais des revendications des mouvements de la société civile nigérienne, rassemblés au sein de la CFDR pour exiger :
l’annulation des élections législatives illégales et illégitimes, le retour à l’ordre constitutionnel par le rétablissement des institutions dans leur fonction (Assemblée nationale, Cour constitutionnelle), l’annulation du référendum du 4 août dernier et le retour à la constitution de 1999, l’arrêt des poursuites et intimidations à l’encontre des membres de l’opposition démocratique et de la société civile.
Nous demandons à l’Etat français et à l’Union européenne d’agir dans ce sens en faisant pression sur le régime nigérien par :
une condamnation ferme de la dérive dictatoriale depuis 2008, la non-reconnaissance du référendum du 4 août 2009 et des élections législatives du 20 octobre 2009, la suspension de leurs coopérations avec le régime tant que le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas effectif, l’application par l’Union Européenne des articles 96 et 97 des Accords révisés de Cotonou : puisque « le respect des droits de l’Homme, des principes démocratiques et de l’État de droit » sont violés, une procédure de consultation devrait être menée et des mesures prises, et la suspension des accords avec le Niger en cas d’absence de solution acceptable.
La France et l’Union Européenne ne doivent pas se rendre complices, pour les seules raisons del’approvisionnement français en uranium, de l’enterrement de l’expérience démocratique que le Niger a représenté pour l’ensemble du continent africain, prouvant qu’une autre voie que celle de la dictature est possible.
octobre 2009 par Survie
L’organisation ce 20 octobre d’élections législatives, boycottées par l’ensemble des forces démocratiques, constitue une nouvelle étape dans la dérive dictatoriale de Mamadou Tandja, à la tête du premier pays fournisseur d’uranium à la France. Nos associations demandent donc l’annulation de ces élections et des sanctions de la France et de l’Union européenne visant au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Ce qui est considéré comme un coup d’Etat constitutionnel est le résultat d’un processus de destruction des institutions démocratiques par Mamadou Tandja initié dès la fin de l’année 2008, afin de rester président, en opposition avec la constitution nigérienne. Refusant de se soumettre aux avis de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, il a dissous ces institutions et pris les pleins pouvoirs. Il a alors eu les mains libres pour organiser un référendum-plébiscite, le 4 août, dont les résultats truqués ont été sans surprise : la poursuite de son mandat.
Avec une nouvelle constitution taillée sur mesure et promulguée le 18 août 2009, Mamadou Tandja reste président jusqu’en 2012 et peut se représenter à volonté. Il devient « le détenteur exclusif du pouvoir exécutif » alors que les prérogatives des députés sont considérablement réduites. Par ailleurs, le Conseil Supérieur de la Communication et la Cour constitutionnelle sont désormais sous sa coupe puisqu’il y nomme plus de la moitié des membres.
Parallèlement, les dérives autoritaires sont flagrantes : rejet dans l’illégalité des grèves et manifestations, entrave à la liberté de réunion des militants, mise en accusation de 128 députés, plainte contre 8 directeurs de publication, emprisonnement de 50 opposants membres de la CFDR (Coordination des Forces pour la Démocratie et la République, regroupant les 7 centrales syndicales, la majorité des partis politiques, y compris un pan du parti présidentiel et la société civile).
Ces élections législatives, boycottées par les forces démocratiques, permettront de sceller le coup d’Etat constitutionnel d’un président de plus en plus isolé aux niveaux national et international. Au Niger, adossé aux revenus des industries extractives, il ne tient plus que grâce à une frange minime de l’armée. Depuis 2007, il a distribué 158 permis miniers ou pétroliers par le biais d’un groupe opaque d’affairistes composé notamment de deux de ses fils. Sur la scène internationale, le Niger a subi un fort discrédit : l’Union Européenne a gelé son aide début juillet et nombre de coopérations bilatérales ont suspendue la leur (notamment le Luxembourg et le Danemark).
Mais Mamadou Tandja est soutenu par la Libye et par la diplomatie française qui freine toute prise de décision ferme de l’Union Européenne. Une attitude en relation évidente avec la position dominante d’Areva au Niger.
Le 10 août, le Quai d’Orsay a simplement « pris note » des résultats du référendum et a appelé à des législatives avec une large participation des forces politiques, ce qui est une façon de légitimer le régime et de soutenir à mots couverts le président.
Face à cette situation, l’association Survie se fait le relais des revendications des mouvements de la société civile nigérienne, rassemblés au sein de la CFDR pour exiger :
l’annulation des élections législatives illégales et illégitimes, le retour à l’ordre constitutionnel par le rétablissement des institutions dans leur fonction (Assemblée nationale, Cour constitutionnelle), l’annulation du référendum du 4 août dernier et le retour à la constitution de 1999, l’arrêt des poursuites et intimidations à l’encontre des membres de l’opposition démocratique et de la société civile.
Nous demandons à l’Etat français et à l’Union européenne d’agir dans ce sens en faisant pression sur le régime nigérien par :
une condamnation ferme de la dérive dictatoriale depuis 2008, la non-reconnaissance du référendum du 4 août 2009 et des élections législatives du 20 octobre 2009, la suspension de leurs coopérations avec le régime tant que le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas effectif, l’application par l’Union Européenne des articles 96 et 97 des Accords révisés de Cotonou : puisque « le respect des droits de l’Homme, des principes démocratiques et de l’État de droit » sont violés, une procédure de consultation devrait être menée et des mesures prises, et la suspension des accords avec le Niger en cas d’absence de solution acceptable.
La France et l’Union Européenne ne doivent pas se rendre complices, pour les seules raisons del’approvisionnement français en uranium, de l’enterrement de l’expérience démocratique que le Niger a représenté pour l’ensemble du continent africain, prouvant qu’une autre voie que celle de la dictature est possible.
Proposition de Sanctions du Niger
Guinée et Niger : l’Onu demande à la Cedeao de corser les sanctions contre Dadis et Tandja
Ouestafnews - Le Bureau des nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (Unowa), a lancé un appel en direction des chefs d’Etat de le Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour qu’ils renforcent les sanctions déjà prises contre le Niger et la Guinée, deux pays en proie à de graves crises politico-institutionnels depuis plusieurs mois.
L’appel a été lancé à la suite d’une rencontre tenue au Sénégal portant sur « crise politiques et droits de l’homme en Afrique de l’Ouest », selon un communiqué de l’Unowa transmis à Ouestafnews. La Cedeao a déjà pris des sanctions contre le Niger et la Guinée, respectivement une « suspension de toutes les instances » de l’organisation sous-régionale pour le Niger et un « embargo sur les armes » pour ce qui est de la Guinée. Les participants à la réunion de l’Unowa encouragent la Cedeao « en plus des mesures déjà prises, à procéder, au besoin, au gel des avoirs des dirigeants civils et militaires, de leurs familles, ainsi qu’à leur interdiction de voyage et de séjour à l’étranger », affirme le communiqué. La même source préconise « une profonde réforme du secteur de la Défense et de la Sécurité » dans les deux pays. En Guinée, des actes violences perpétrées par des militaires le 28 septembre 2009 contre des partisans de l’opposition ont mis en péril la transition initiée en décembre 2008 par le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte militaire). Cette junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara est aujourd’hui soumise à de fortes pressions de la communauté internationale, notamment celles de la France et des Etats-Unis. Au Niger, des élections législatives boycottées par l’opposition ont davantage discrédité le régime du président Mamadou Tandja déjà largement affecté par l’organisation d’un référendum contesté et rejeté par l’opposition nigérienne et l’ensemble de la communauté internationale. Ce référendum qui a modifié la constitution permet au président nigérien de rester au pouvoir pour trois années supplémentaires et de pouvoir se représenter à une éventuelle présidentielle alors que selon l’ancienne constitution son mandat deuxième et dernier mandat devait arriver arrivait à expiration en décembre 2009.
Lundi 26 Octobre 2009
Ouestaf News
Ouestafnews - Le Bureau des nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (Unowa), a lancé un appel en direction des chefs d’Etat de le Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour qu’ils renforcent les sanctions déjà prises contre le Niger et la Guinée, deux pays en proie à de graves crises politico-institutionnels depuis plusieurs mois.
L’appel a été lancé à la suite d’une rencontre tenue au Sénégal portant sur « crise politiques et droits de l’homme en Afrique de l’Ouest », selon un communiqué de l’Unowa transmis à Ouestafnews. La Cedeao a déjà pris des sanctions contre le Niger et la Guinée, respectivement une « suspension de toutes les instances » de l’organisation sous-régionale pour le Niger et un « embargo sur les armes » pour ce qui est de la Guinée. Les participants à la réunion de l’Unowa encouragent la Cedeao « en plus des mesures déjà prises, à procéder, au besoin, au gel des avoirs des dirigeants civils et militaires, de leurs familles, ainsi qu’à leur interdiction de voyage et de séjour à l’étranger », affirme le communiqué. La même source préconise « une profonde réforme du secteur de la Défense et de la Sécurité » dans les deux pays. En Guinée, des actes violences perpétrées par des militaires le 28 septembre 2009 contre des partisans de l’opposition ont mis en péril la transition initiée en décembre 2008 par le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte militaire). Cette junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara est aujourd’hui soumise à de fortes pressions de la communauté internationale, notamment celles de la France et des Etats-Unis. Au Niger, des élections législatives boycottées par l’opposition ont davantage discrédité le régime du président Mamadou Tandja déjà largement affecté par l’organisation d’un référendum contesté et rejeté par l’opposition nigérienne et l’ensemble de la communauté internationale. Ce référendum qui a modifié la constitution permet au président nigérien de rester au pouvoir pour trois années supplémentaires et de pouvoir se représenter à une éventuelle présidentielle alors que selon l’ancienne constitution son mandat deuxième et dernier mandat devait arriver arrivait à expiration en décembre 2009.
Lundi 26 Octobre 2009
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