Le rapt au Niger d'un employé d'Areva, son épouse et cinq salariés de son sous-traitant Satom a poussé les deux sociétés à renforcer leur sécurité dans ce pays stratégique pour le groupe nucléaire français, où la branche maghrébine d'Al-Qaïda a déjà enlevé plusieurs Occidentaux.
Les sept captifs - cinq Français, un Togolais et un Malgache, selon les autorités française et nigérienne - ont été kidnappées dans la nuit de mercredi à jeudi à leurs domiciles respectifs d'Arlit, au nord du Niger, ont précisé Areva et Vinci, maison-mère de Satom.
"Les cinq salariés de Satom (ndlr, filiale de Vinci) étaient chez eux dans la zone sécurisée d'Arlit", selon un porte-parole de Vinci. Une porte-parole du groupe nucléaire public a affirmé de son côté que le salarié d'Areva et son épouse avaient eux aussi été enlevés "dans leur habitation à Arlit".
Ces informations ont contredit une version donnée auparavant par une source sécuritaire nigérienne, selon laquelle les sept captifs étaient "sortis sans escorte et ont été surpris par un groupe de ravisseurs enturbannés".
La ville d'Arlit est déjà hautement sécurisée de longue date, a rappelé jeudi une porte-parole d'Areva, évoquant des "gardiennages", des "patrouilles" et le "contrôle des entrées et sorties de la ville".
Selon elle, quelque 300 à 350 gendarmes et militaires quadrillent la ville, créée à la fin des années 1960 lors de la découverte des gisements d'uranium aujourd'hui exploités par Areva.
Ces mesures n'avaient pas empêché en 2008 l'enlèvement à proximité d'Arlit de quatre cadres français d'Areva par des rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Les ravisseurs avaient libéré leurs otages sains et saufs quatre jours plus tard.
Fin juillet dernier, l'exécution par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de l'otage français Michel Germaneau avait poussé Areva à édicter de nouvelles consignes plus strictes pour ses salariés, appelés notamment à "limiter les déplacements en dehors des zones sécurisées".
Ni le groupe nucléaire, ni Vinci n'ont souhaité détailler les "mesures de sécurité supplémentaires pour les salariés des deux groupes présents au Niger", prises jeudi "immédiatement" après les enlèvements de la nuit.
Une porte-parole d'Areva a toutefois indiqué qu'un rapatriement vers la capitale Niamey avait été proposé aux familles des salariés du groupe et de ses consultants extérieurs.
Pour le groupe nucléaire, le Niger est un pays stratégique. Présent depuis 40 ans, il y emploie quelque 2.500 personnes, dont une cinquantaine d'expatriés, et extrait de ses deux gisements voisins d'Arlit et d'Akokan la moitié de son uranium.
Le groupe espère également mettre en service fin 2013, toujours dans le nord du pays, le future mine géante d'uranium d'Imouraren.
Areva avait enterré la hache de guerre en mai 2009 avec les autorités de Niamey, qui l'avaient un temps accusé de soutenir la rébellion touareg.
Satom, une filiale de Vinci, était de son côté présente à Arlit en tant que sous-traitant d'Areva et travaillait essentiellement à des "travaux de terrassement", selon un porte-parole du groupe de BTP, qui n'a pas souhaité préciser les effectifs de la société au Niger.
D'après le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Sah, les sept étrangers ont été capturés vers 02H00 locales (01H00 GMT) par "un groupe armé" qui comprendrait de sept à une trentaine de personnes, selon les sources.
Même si l'ombre du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), très présent dans la région, semble planer derrière cet enlèvement, le président de la République Nicolas Sarkozy a assuré en fin de journée jeudi que les auteurs de l'enlèvement n'étaient pas identifiés.
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