|(AfriSCOOP Analyse) — L’ombre de la mauvaise gouvernance qui a caractérisé la fin du second mandat de Mamadou Tandja à la tête du Niger plane toujours sur son pays. Référence indirecte à la crise alimentaire que connaît aujourd’hui une partie de cet Etat producteur d’uranium. Une “calamité naturelle” qui invite à jeter un coup d’œil sur les “calamités humaines” qui l’ont produite, et surtout à envisager la sanction à infliger dorénavant à de telles inconduites en Afrique. Pas seulement au Niger.
Au plus fort de la crise institutionnelle et politique que son referendum constitutionnel du second semestre 2009 avait provoqué au Niger, Mamadou Tandja avait eu le toupet de déclarer à la face du monde que son pays ne fait face à aucune crise alimentaire. Même les cris d’alarme lancés par diverses structures de la société civile nigérienne n’y ont rien changé. « Gouverner, c’est prévoir », dit la maxime que les gouvernés opposent souvent aux gouvernants pour déblatérer contre leurs inconduites de divers ordres. Au cours de son second mandat constitutionnel à la tête du Niger, le vieux colonel avait plutôt pour credo : « Gouverner, c’est se maintenir au sommet de son pays envers et contre tous » !
Du coup, l’ancien homme fort de ce vaste Etat désertique n’a pas vu venir les corollaires du manque de pluies dans certaines régions de son pays. Un défaut de prévision qui a, à l’heure actuelle, comme répercussions, la récurrence de mauvaises récoltes entraînant de plus en plus, le déplacement d’une partie de la population nigérienne des zones rurales vers les milieux urbains.
Mamadou Tandja ne s’est donc pas seulement rendu coupable de coup d’Etat constitutionnel à travers lequel il s’est octroyé une prorogation de son deuxième mandat. Il a aussi et surtout organisé la crise alimentaire dans son pays. Ces forfaitures sont hélas devenues des “griffes de marque” de sombres dictatures africaines. Quel sort faut-il ainsi réserver à ces mauvais fils d’Afrique ? L’évolution du droit international voudrait qu’ils soient jugés devant une juridiction impartiale qui puisse préserver leurs droits élémentaires de “personnes détenues”.
Mais, en Afrique, dans des Républiques dans lesquelles les militaires se sont invités pendant une certaine période dans le débat politique, on peut craindre que la ou les décisions de ces juridictions précitées puissent être remises en cause par un nouvel coup d’Etat qui ramène l’ex prévenu aux affaires. Dans le cas nigérien, ce scénario relèverait d’une gageure, tant la junte actuellement au pouvoir et la population nigérienne ont grande soif d’une « real politique » ! Mais pareil script ubuesque a déjà été matérialisé au Congo-Brazzaville en 1997, même si avant son come-back par la force cette année-là à la tête du Congo, Denis Sassou Nguesso n’avait été jugé.
Dans le même ordre d’idées, on imagine qu’une partie de la population centrafricaine a toujours des griefs contre le président Patasse au nom des crimes contre l’humanité commis sous sa présidence, que certains Nigérians en veulent toujours au président Obasanjo pour avoir voulu changer la constitution de son pays (en vue de briguer un troisième mandat)… C’est justement parce que l’impunité entraîne la récidive que les Etats africains doivent plus que jamais se montrer fermes dans la punition d’actes qui ont enténébré le destin de toute une nation, et par contrecoup, celui d’une ou des générations de citoyens.
Au début de ce troisième millénaire, nombreux sont de plus en plus les Etats africains qui tournent le dos à la peine de mort. Toutefois, demandons-nous si le Ghana aurait pu connaître l’essor qui est le sien aujourd’hui si le capitaine Rawlings n’avait pas fait fusiller la cohorte d’ennemis du développement de son pays dans les années 80 ?
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