vendredi 19 mars 2010

Le Niger, de nouveau face aux menaces de famine

En raison de la baisse de la production agricole, les réserves de céréales des Nigériens sont maigres et souvent déjà épuisées.
Cinq ans après sa plus grave famine de la décennie, ce pays d'Afrique de l'Ouest se trouve à nouveau en situation de crise. Le gouvernement et les ONG appellent à la mobilisation internationale.

«Urgence pour les enfants du Niger». Les organisations humanitaires présentes dans ce pays d'Afrique de l'Ouest ont lancé un appel à la mobilisation mondiale pour enrayer la crise alimentaire qui frappe cette année près de 7,8 millions de Nigériens, dont plus de 300.000 enfants de manière grave.

En cause, la baisse de la production agricole à laquelle fait face cette année le Niger, de l'ordre de 25% selon l'Unicef. Conséquence : les réserves de céréales sont maigres et souvent déjà épuisées. Or la population doit encore tenir jusqu'à la prochaine récolte, en octobre. C'est ce qu'on appelle la période de soudure, durant laquelle se déclenchent les famines. Une situation qui concerne d'autres pays de la bande sahélienne, touchés par l'irrégularité des pluies. Au Tchad voisin, la crise alimentaire menace également près de 2 millions de personnes, estime l'Unicef.

La famine n'arrive pas d'un seul coup, elle est précédée d'une crise alimentaire. Au Niger, plus de la moitié de la population y est déjà confrontée, dont 20% de manière aiguë. «Les régions du sud-est du pays, notamment, enregistrent un fort taux de malnutrition», détaille Michael Flachaire, chef de mission pour Action contre la faim (ACF) dans le pays. Même en tenant compte des nouvelles méthodes de calcul correspondant aux normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui augmentent mécaniquement le nombre de cas comptabilisés, «on peut considérer que le scénario est quasi identique à 2005, voire pire dans certaines zones», analyse l'humanitaire.


Réagir plus tôt qu'en 2005

2005, c'est le cauchemar des ONG. A l'époque, la communauté internationale avait réagi tardivement, ignorant les premiers signaux de la famine qui s'annonçait. Plus de trois millions de personnes avaient alors été gravement affectées par la disette, sans qu'aucun bilan du nombre de morts ait été publié. Point positif dans un sombre tableau, le gouvernement nigérien semble cette fois mieux préparé à la situation. «Il y a eu quatre ans de travail des autorités et des ONG, explique Michael Flachaire. Les personnels ont été formés, il y a un protocole national de prise en charge des enfants.» Le coup d'Etat militaire de janvier dernier semble n'avoir pas eu de répercussions sur ce point. «Les administrations fonctionnent et continuent à collaborer avec les ONG», assure le chef de mission d'ACF.

Au début du mois, la junte au pouvoir a d'ailleurs démarré un plan de soutien, avec une opération de vente promotionnelle de 60.000 tonnes de céréales prélevées dans ses réserves. «La cellule de crise alimentaire du gouvernement a défini un calendrier avec plusieurs phases d'action distinctes», explique Michael Flachaire. Dans un premier temps, il s'agit de permettre à la population d'accéder au marché des ressources alimentaires, soit en baissant leur prix, soit en soutenant financièrement les ménages. Le but : aider la population à se nourrir en maintenant l'économie.

Reste que pour mener à bien ce plan, il faut des fonds. D'où l'appel pressant lancé aux bailleurs internationaux. «C'est maintenant que l'argent doit arriver», insistent les ONG. Dans le cas contraire, la crise se transformera en famine et il faudra alors passer à une action d'urgence, de distribution gratuite de nourriture. Comme en 2005. «Le Niger a besoin d'un soutien international massif», a déclaré le premier ministre Mahamadou Danda, qui estime qu'il manque 91 millions d'euros.

Par Thomas Vampouille (Le figaro)

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