Le climat d'insécurité ambiante a amené des ONG d'aide à évacuer leur personnel expatrié de certaines régions exposées du Niger, ce qui risque, aux yeux de ces humanitaires, de compromettre les efforts de lutte contre la crise alimentaire dans ce pays du Sahel miné par la sécheresse.
Les humanitaires occidentaux en poste dans les secteurs de Maradi et de Zinder, dans le centre-sud du pays limitrophe du nord du Nigeria, sont en cours d'évacuation dans ces régions très touchées par la sécheresse consécutive aux maigres pluies de l'an dernier.
"Je peux confirmer que le Programme alimentaire mondial a demandé à son personnel basé à Maradi et Zinder de regagner Niamey, la capitale, pour des raisons de sécurité", a déclaré lundi à Reuters Vigno Hounkanli, porte-parole du Pam.
On ne dispose d'aucune information particulière sur la nature exacte des menaces pesant sur la sécurité.
Ces évacuations d'Occidentaux surviennent quelques jours après le lancement par le Pam d'une opération visant à nourrir 670.000 jeunes enfants et leurs familles au Niger, où l'on estime que la faim touche cette année huit millions de personnes.
Selon les Nations unies, le Niger est actuellement en pleine période de "soudure", avec des stocks alimentaires épuisés et plusieurs semaines encore à attendre avant les premières récoltes d'octobre.
FAIRE JONCTION
D'après deux autres humanitaires s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, l'ensemble des agences d'aide de l'Onu et des organisations humanitaires sont en train de retirer leur personnel expatrié de la région par crainte d'enlèvements par des groupes liés à Al Qaïda.
L'un d'eux a estimé que cette évacuation aurait un impact "considérable" sur les opérations d'aide alimentaire censées nourrir chaque semaine des milliers d'enfants victimes de sous-nutrition.
"Le nombre d'humanitaires expérimentés présents sur le terrain était de toutes façons déjà insuffisant alors que les besoins sont énormes en termes d'assistance. On ne peut accomplir ce travail à distance", a-t-il expliqué.
Cyprien Fabre, porte-parole de l'Office d'aide humanitaire (Echo) de la Commission européenne, a déclaré que l'UE était inquiète de la situation mais que les ONG disposaient maintenant d'un nombre accru d'expatriés africains dans leurs rangs, ce qui devrait permettre la poursuite de certains programmes.
Bien que la région en question soit située très au sud de la bordure nord du Sahel où sont actifs les groupes armés radicaux liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), cette mouvance utilise des groupes locaux de bandits ou de rebelles pour enlever des étrangers ailleurs dans la région.
La branche nord-africaine d'Al Qaïda a également manifesté ouvertement son souhait de faire la jonction avec des islamistes opérant de l'autre côté de la frontière, au Nigeria voisin.
Vendredi, l'ambassade des Etats-Unis à Niamey a actualisé sa mise en garde aux Américains tentés de voyager au Niger en leur déconseillant fortement de se rendre dans le secteur de Maradi
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