L'ancien chef d'Etat nigérien Mamadou Tandja, renversé en février 2010 par un putsch et retenu depuis lors dans une villa dans l'enceinte de la présidence, a été transféré dimanche dans une prison près de Niamey, a-t-on appris de source proche de la présidence.
"L'ancien président Mamadou Tandja a bien été transféré à la prison civile de Kollo (à une trentaine de km au sud de Niamey) vers 16H00 (locales, 15H00 GMT). Auparavant, il a été entendu par un juge qui l'a inculpé et placé sous mandat de dépôt", a indiqué à l'AFP cette source, sans préciser les chefs d'accusation retenus contre lui.
Une source sécuritaire a confirmé cette incarcération. La radio privée Anfani, citant son correspondant à Kollo, a rapporté que M. Tandja "est arrivé à la prison de Kollo dans un véhicule 4x4 sous haute escorte des Forces de défense et de sécurité".
Cette incarcération survient tout juste deux semaines avant l'élection présidentielle du 31 janvier, destinée à clore la transition organisée par la junte militaire au pouvoir depuis le coup d'Etat de février 2010, qui avait mis fin au règne de M. Tandja (1999-2010), né en 1938.
En novembre, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avait jugé "arbitraires" son arrestation et sa détention et "ordonné sa libération".
La Cour d'Etat du Niger avait levé en décembre son immunité, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires contre lui pour de présumées malversations financières.
Le porte-parole du gouvernement, Laouali Dan Dah, avait expliqué que cette levée d'immunité faisait suite à "des contrôles dans divers sociétés et organismes qui ont décelé des irrégularités que les responsables de ces sociétés" ont "imputées directement ou indirectement" à M. Tandja.
Des malversations financières portant sur plus de 64 milliards de FCFA (près de 98 millions d'euros) ont été commises en dix ans sous le régime Tandja, l'ex-président étant visé directement dans une série de dossiers, selon un rapport de l'inspection d'Etat publié fin 2010.
Une "Commission de lutte contre la délinquance économique et financière", créée par le chef de la junte, le général Salou Djibo, est chargée de notifier aux personnes incriminées les sommes à rembourser.
Les enquêtes ont déjà conduit à l'incarcération de plusieurs hauts responsables, notamment un ex-ministre et l'ancien patron du Trésor, ainsi que d'un fils de M. Tandja.
Issoufou Tamboura, porte-parole du parti de M. Tandja, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), a dit à l'AFP ne pas pouvoir "pour le moment faire de commentaire".
Après de graves scissions à la suite du coup d'Etat, le MNSD sera représenté par Seini Oumarou, ancien Premier ministre du chef d'Etat déchu, à la présidentielle du 31 janvier dont la campagne s'est ouverte dimanche.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.