AP | 21.02.2010 | 21:59
Un des chefs de la nouvelle junte militaire au Niger a justifié dimanche le coup d'Etat de jeudi, affirmant que l'armée avait renversé le président Mamadou Tandja pour rétablir la stabilité, celui-ci ayant refusé de quitter le pouvoir à la fin de son mandat.
Le colonel Djibrilla Hima Hamidou s'est exprimé après qu'une délégation de diplomates des Nations unies, de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) s'est dit encouragée par les garanties données par la junte sur un retour à un régime civil par le biais d'élections.
L'armée s'est retournée contre l'ex-President Mamadou Tandja jeudi, attaquant le Palais présidentiel en plein jour alors qu'une réunion du gouvernement était en cours.
Le coup d'Etat -au cours duquel plusieurs soldats ont été tués- a été condamné par l'ONU, les organisations régionales africaines et des gouvernements étrangers. Mais beaucoup de gens dans la capitale, au moins, ont semblé soulagés de voir leur président évincé du pouvoir.
Hamidou a comparé ce coup d'Etat au précédent qui avait frappé le Niger, en 1999, au cours duquel une junte composée d'une grande partie des mêmes officiers avait organisé des élections démocratiques, remportées deux fois par Mamadou Tandja.
"Ce n'est pas une armée avec une tradition putschiste, ce n'est pas le cas", a déclaré Hamidou dans une caserne de Niamey. "En 1999, nous avons eu une situation similaire. Nous avons rendu le pouvoir et nous avons eu dix ans de stabilité (...) Nous allons faire la même chose" cette fois, a-t-il ajouté.
Après l'expiration du mandat légal de Tandja le 22 décembre, les Etats-Unis et l'Europe ont coupé l'aide humanitaire, vitale pour un pays qui est un des plus pauvres du monde. Toutefois, la crise a continué, et les négociations pour la résoudre n'ont pas abouti.
"Nous avons donné du temps pour voir si les acteurs politiques pouvaient trouver une solution de compromis, mais cela n'est pas arrivé", a observé Hamidou. "Les tensions ont augmenté, et cela (la crise) devait être arrêté (...) maintenant, nous essayons de rétablir la légalité", a-t-il ajouté.
Le patron de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas, a déclaré, après des discussions avec les leaders de la junte, dont leur chef Salou Djibo, que les diplomates avaient poussé les putschistes à rétablir "un régime civil constitutionnel".
"Nous avons été encouragés par le fait que les autorités elles-mêmes se soucient du fait que ce n'est pas leur fonction normale, et elles sont impatientes de finir leur tâche et de revenir à leurs fonctions normales, l'armée et la sécurité", a ajouté Chambas.
La junte n'a pas encore fixé de calendrier pour les élections, a ajouté Chambas, mais leur chef a déclaré qu'il voulait un scrutin rapide et que la date dépendrait du dialogue national impliquant des leaders de la société civile et politique.
"Ils ont dit qu'ils voulaient une transition rapide qui prendra fin dès que possible", a ajouté Chambas.
Hamidou n'a pas voulu parler de la situation de Mamadou Tandja, enlevé par les putschistes au moment du coup d'Etat, disant seulement: "Pour le moment, nous prenons soin de sa sécurité et de sa santé".
Dimanche, tous les ministres, sauf trois -le Premier ministre, les ministres de l'Intérieur et des Finances- n'étaient plus assignés à domicile, selon Hamidou.
Selon un diplomate basé à Niamey, plusieurs généraux plus âgés, pro-Tandja, avaient aussi été assignés à domicile quand le coup d'Etat a commencé parce qu'ils n'étaient pas considérés comme fiables. Hamidou, toutefois, a affirmé qu'aucun membre des forces armées n'avait été détenu. AP
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