Le président du Niger Mamadou Tandja, visé jeudi par un coup d'Etat qui a fait plusieurs morts et blessés, a été "emmené" par des militaires qui ont ouvert le feu sur le palais présidentiel à Niamey, ont annoncé à l'AFP deux ministres nigériens, eux-mêmes arrêtés.
"Nous voulons savoir ce qui se passe, c'est notre pays et personne ne veut le brûler. Nous ne sommes pas libres de nos mouvements, nous ne pouvons pas sortir. Ils ont emmené Mamadou Tandja", a déclaré de Niamey un ministre sur un téléphone portable.
"Nous ne savons pas ce qui se passe (...) mais nous avons nos portables et nous sommes là où devait se dérouler le Conseil des ministres. Ils ont emmené le président", a confirmé un autre membre du gouvernement, toujours sous couvert de l'anonymat.
Le président Tandja, 71 ans, et son aide de camp "seraient retenus" dans la garnison de Tondibia", située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, ont dit auparavant à l'AFP des responsables sous couvert d'anonymat.
Plusieurs ministres, d'après ces sources, seraient quant à eux retenus dans les locaux du Conseil supérieur de la communication, près du palais présidentiel.
Le Niger, pays pauvre du Sahel, mais troisième producteur mondial d'uranium, est confronté à une grave crise politique née de la volonté du président de se maintenir au pouvoir coûte que coûte au-delà de son mandat.
Des témoins ont fait état de tirs nourris dans la journée, notamment autour de la présidence, avec des combats à l'arme lourde dans les rues de la Niamey et autour de la présidence. La capitale était survolée par des hélicoptères de l'armée. Dans la soirée, la radio officielle a suspendu ses programmes pour diffuser de la musique militaire.
Aucun bilan officiel sur d'éventuelles victimes n'avait été communiqué jeudi soir, mais, ont raconté des témoins et une source médicale, au moins trois ou quatre soldats ont été tués -dans un blindé visé par un obus - et "une dizaine" de militaires ont été blessés jeudi à Niamey.
Un responsable français à Paris avait auparavant affirmé qu'une tentative de coup d'Etat était en cours au Niger et que "Tandja n'était pas dans une bonne position".
Paris a demandé jeudi aux Français de Niamey de rester chez eux.
Selon la source diplomatique française, qui déclaré que la garde présidentielle a pris part à ce coup de force, "on savait qu'une partie de l'armée désapprouvait Tandja et son coup de force constitutionnel, on pensait jusque-là cette partie très minoritaire".
"Il y a tradition de coup d'Etat dans ce pays, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite", a-t-elle ajouté.
Après dix ans de pouvoir, M. Tandja avait dissous l'année dernière le Parlement et la Cour constitutionnelle et obtenu une prolongation controversée de son mandat pour au moins trois ans à l'issue d'un référendum en août.
L'opposition, qui avait boycotté cette consultation ainsi que des législatives controversées en octobre, avait dénoncé un coup d'Etat et la communauté internationale a fustigé les agissements du président.
Mercredi, le Premier ministre du Niger Ali Badjo Gamatie avait annoncé un Conseil des ministres "important" pour jeudi.
Dans l'après-midi jeudi, des soldats étaient déployés autour du palais présidentiel et dans les rues adjacentes, a constaté l'AFP.
Un témoin a rapporté avoir entendu des coups de feu lorsqu'il se trouvait à la présidence. "Il y avait des armes lourdes (...) et des obus. Je vois une fumée vers le bureau du président", a-t-il dit sur Radio France internationale vers 14H00 GMT.
Une source affirmant se situer à environ un kilomètre de la présidence a indiqué vers 15H00 GMT ne plus entendre "depuis une bonne heure" les tirs en rafales et d'arme lourde.
Le Commissaire à la paix et la sécurité de l'Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, a rappelé que l'UA condamnait "l'usage de la violence pour tout changement de pouvoir politique".
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui avait tenté une médiation au Niger, a également "condamné une fois de plus tous les actes destinés à parvenir ou à se maintenir au pouvoir par des moyens non constitutionnels".
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