samedi 5 juin 2010

Les besoins nutritionnels pour les enfants ont doublé au Niger, en proie à une disette

Les besoins alimentaires ont doublé dans les centres de récupération et de nutrition infantile (CRENI) au Niger, notamment à Maradi (centre-est) où plusieurs dizaines d’enfants malnutris sont en soins intensifs grâce à l’intervention de certaines Ong appuyées par l’Union européenne, a constaté APA sur place.
A Guidan-Roumdji, localité située à près de 650 km à l’est de Niamey, l’unique centre de nutrition entretenu par Médecins sans frontières Belgique et Save the Children, a largement dépassé ses capacités d’accueil, concentrant 120 à 130 malnutris sur une disponibilité de 100 places.
« Notre capacité est d’accueillir 100 enfants, mais nous atteignons plus de 120 patients, ce qui nécessite le redéploiement de nouveaux moyens » a indiqué à APA, Ibrahima Traoré, responsable de l’hôpital de récupération nutritionnelle des enfants à Guidan-Roumdji.
Le taux de mortalité dans ce centre, a-t-il expliqué, avoisine le seuil de 5%, la principale cause de décès chez ces enfants étant causée par leur arrivée « tardive avec des vomissements et des diarrhées ».
Aujourd’hui les besoins alimentaires des enfants a doublé au même moment où une insuffisance en vivres est perceptible dans les huit régions du Niger en raison de la mauvaise récolte issue de la campagne agricole précédente qui a fourni « moins de 30 % des besoins nécessaires pour les hommes et moins de 70% pour le bétail » a dit Kristalina Georgieva, la commissaire européenne à l’aide humanitaire en visite dans la région de Maradi.
« Nous allons transmettre ce message (…) nous allons travailler pour une alerte précoce de la malnutrition dans les zones sahéliennes » a-t-elle souligné, annonçant que l’Union européenne a doublé son aide humanitaire dans la lutte contre la pénurie alimentaire dans la bande sahélienne.
Une enveloppe globale de 54 millions d’euros a été débloquée pour vaincre la crise alimentaire dans plusieurs régions du Sahel dont une « bonne partie du montant » sera affectée au Niger où les résultats d’une enquête nationale, réalisée en décembre 2009, indiquent que la situation alimentaire des ménages sur un échantillon de 9.741 ménages urbains et ruraux, quelque 66 % ont trouvé que la campagne 2009 a été mauvaise.
La même enquête précise qu’un ménage sur cinq se trouve en situation de grande vulnérabilité alimentaire, soit, 2,7 millions de personnes alors que 5,1 millions d’autres sont dans une vulnérabilité modérée, soit environ deux personnes sur cinq.
« On va augmenter notre aide pour juguler la crise alimentaire » a encore assuré Mme Georgieva, saluant « l’étroite collaboration » entre le gouvernement nigérien et les Ong dans la lutte contre la malnutrition surtout infantile.
La région de Maradi où la Commissaire européenne a visité des centres nutritionnels à Guidan-Roumdji et Aguié concentre le plus grand nombre de personnes vulnérables à la famine au kilomètre carré, a-t-on expliqué.
« Nous estimons que des actions urgentes seront prises pour nous aider à lutter contre la crise alimentaire et aider le Niger à surmonter cette crise » a déclaré Colonel Garba Maikido, le gouverneur de la région de Maradi.
La pénurie alimentaire qui secoue le Niger est restée longtemps un sujet tabou sous le régime de l’ex-président Mamadou Tandja dont le gouvernement a nié l’existence d’une crise alimentaire dans le pays.
Mais depuis la chute de son régime, en février dernier, la junte au pouvoir multiplie les appels à l’aide internationale pour assister plus de 7 millions de nigériens menacées de famine en 2010.
Selon les acteurs humanitaires, les besoins sont évalués à 190 millions de dollars, dont 155 millions pour le volet alimentaire et 29 millions pour la nutrition et l’eau, pour une mobilisation « urgente » de 133 millions de dollars.
L’UNICEF estime que 378.000 enfants de moins de 5 ans pourraient nécessiter des soins d’urgence si la situation alimentaire ne s’améliore pas dans les 12 prochains mois.
De janvier à mai 2010, près de 75.000 enfants souffrant de malnutrition sévère ont été soignés dans les 812 centres de récupération nutritionnelle que compte le pays.
A la veille de la visite de la commissaire européenne à l’aide humanitaire, la première du genre au Niger, Bruxelles a annoncé l’octroi d’une enveloppe additionnelle de 24 millions d’euros (dont 15 millions pour le Niger) pour secourir plus de 7 millions de personnes vulnérables à la famine au Tchad, au Burkina, au Niger et dans le nord du Nigeria.

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