Demain 12 mars 2011 en principe, plus de 6 millions de Nigériens vont départager les 2 qualifiés du second tour de la présidentielle : Mahamadou Issoufou, dit “Zaki” (lion), et Seini Oumarou. A l’issue du 1er tour du 31 janvier, le leader du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) a obtenu 36,16% des voix tandis que son challenger, héritier du parti-Etat, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), en a engrangé 23,22%. Avec le ralliement réaliste de Hama Amadou, “Zaki” est pratiquement assuré de vaincre ce coup-ci. Au-delà, les Nigériens vont administrer une leçon de démocratie à l’Afrique. Et un homme pourrait bientôt inscrire son nom sur la short liste des “militaires putschistes démocrates” : le général Salou Djibo.
Ils y sont donc presque arrivés, les Nigériens ! Après moult difficultés, qui ont fait craindre le pire pour le processus électoral : bisbilles au sein de la junte avec à la clé l’arrestation de son n°2 et d’autres militaires, problème de timing, de logistique... Tout cela semble bien loin et proche à la fois et, ce samedi 12 mars, le peuple du Niger est appelé à donner réellement naissance à la VIIe République.
Terminus d’un dur cheminement qui aura vu les électeurs choisir leurs conseillers (11 janvier), puis leurs députés (31 janvier) et enfin dès demain le président de la République. Parcours du combattant pour un peuple qui a choisi depuis plusieurs années d’avoir la démocratie chevillée au corps, et qui a guerroyé pendant des mois contre le héraut du “tazartché” pour le prouver.
Enfin, deux leaders représentatifs de l’électorat de ce pays feront l’objet d’un choix définitif ce 12 mars 2011, jour nouveau pour le Niger, après justement la parenthèse Tandja. La campagne qui s’est achevée il y a 24 heures devait être couronnée justement par un débat télévisé entre ces deux candidats. A la dernière minute, le champion du MNSD, Seini Oumarou, s’est désisté pour un problème de calendrier. Mais qui sont ces deux pachydermes du fleuve Niger qui vont s’affronter demain ?
Mahamadou Issoufou, qui a compris que l’opiniâtreté paie toujours en politique. Trois fois il a remis le métier sur l’ouvrage, respectivement en 1999, en 2004, et en 2011, et cette fois semble la bonne. Figure de proue de l’anti-tazartché, il est aussi l’icône de l’opposition nigérienne ces 10 dernières années. Ce n’est pas pour rien que lors des deux précédents scrutins présidentiels, il a ballotté “le militaire civilisé” qu’était Mamadou Tandja.
D’ailleurs, ses adversaires politiques avaient flairé la grande capacité électorale du “lion” de Tahoua et avaient donc créé une coalition hétéroclite pour mettre prématurément fin à ses ambitions à la présidentielle de 2011. Finalement, et grâce aux 19,81% de Hama “plus” et aux petits scores d’autres ralliés, l’ancien pensionnaire de l’Ecole nationale supérieure des Mines de Saint-Etienne est pratiquement sur un boulevard.
Car on voit mal comment son adversaire Seini Oumarou, même avec les 8,32% de Mahamane Ousmane, pourra inverser la tendance.
Seini Oumarou : son score de 23,22% demeure une énigme pour de nombreux politologues. Comment expliquer ce suffrage de celui qui a repris les rênes de la formation de Mamadou Tandja ? N’est-ce pas une réhabilitation par procuration de Tandja qui ne dit pas son nom ?
Car les Nigériens auraient voulu que celui que le CSRD a renversé le 18 février 2010 revienne aux affaires via son parti qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. En acceptant d’être adoubé par le MNSD, Seini Oumarou, en adosse en même temps le lourd passif de ce parti créé par l’homme qui “ne riait qu’une fois l’an”, Seyni Kountché. Mais, en réussissant à éviter les dangers résiduels du Tazartché, l’ex-PM de Tandja parvint à faire peau neuve auprès d’un électorat mature.
Proche par amitié de Hama “plus”, il pourrait jouer un rôle dans le nouveau puzzle politique de cette VIIe République qui est en train de naître. Car on imagine mal que toutes ces alliances qui se nouent et se dénouent ont un prix, et un Hama Amadou pourrait se retrouver au perchoir pour ne pas être un éternel chef de gouvernement. Seini Oumarou pourrait alors revêtir la tunique de chef de file de l’opposition, une opposition qui pourrait, dans 4 ans, revenir au pouvoir. Au Niger, c’est dans l’univers du possible.
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