Les Nigériens se préparaient à un rendez-vous crucial samedi dans ce pays parmi les plus déshérités au monde: choisir un nouveau président pour prendre congé de la junte, au pouvoir depuis un an, et arrêter d'"être les derniers" en se consacrant enfin au développement.
"C'est une élection très importante parce que ça fait longtemps qu'on attendait le changement", dit à l'AFP Salamatou, 34 ans, croisée au petit marché de Niamey.
Le second tour devra départager l'opposant historique Mahamadou Issoufou et l'ex-Premier ministre Seïni Oumarou. Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou part favori grâce au soutien d'un autre ancien chef du gouvernement, Hama Amadou (19%). M. Oumarou (23%) bénéficie du ralliement de l'ex-chef de l'Etat Mahamane Ousmane (8%).
Les bureaux de vote ouvriront à 08H00 (07H00 GMT) et fermeront à 19H00 (18H00 GMT). Les résultats globaux sont attendus en milieu de semaine, selon une source proche de la commission électorale.
"Le changement que j'attends, c'est surtout au niveau du comportement des dirigeants, qu'ils se soucient vraiment des problèmes du pays. La jeunesse et le monde rural, ce sont les deux priorités selon moi", explique Salamatou, un voile blanc cassé lui recouvrant les cheveux.
Quelque 6,7 millions d'électeurs de ce pays enclavé au coeur du Sahel sont appelés à tourner la page du putsch qui avait renversé en février 2010 le président Mamadou Tandja, après dix ans de pouvoir et une grave crise née de sa volonté de se maintenir au-delà de son second et dernier quinquennat légal.
Salamatou a déjà fait son choix: "je vais voter pour le PNDS (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, de M. Issoufou). On y croit, mais tout peut arriver et on ne peut pas dire qu'il a gagné d'avance".
Zada, chauffeur de taxi, environ 70 ans, n'est pas sûr d'aller voter. "Mais en tout cas je ne voterai pas pour Mahamadou Issoufou. Seïni Oumarou sera un bon président parce que c'est quelqu'un de très calme et il ne ment pas", explique-t-il au volant de son taxi, dans la circulation très dense du vendredi.
"On a besoin du développement, on ne peut pas continuer à toujours être les derniers. Seïni Oumarou, il peut nous faire avancer s'il est élu président", affirme-t-il dans la chaleur étouffante de son véhicule.
Dans ce pays abonné aux coups d'Etat, le scrutin de samedi est "important" car "on a besoin d'un président civil", renchérit Aboud Fatau, vendeur de fruits et légumes. "Le pays a besoin d'aide, le président doit aider les gens. Nous, on souffre, on n'a pas de travail. Les choses n'évoluent pas".
Au milieu de ses chèvres et moutons, Ado Nomaou, un berger de 35 ans rencontré au marché de bétail de Niamey, ira voter: "je préfère prendre trois minutes de mon temps pour aller voter et élire mon candidat que de le voir passer les cinq prochaines années dans l'opposition".
Entourée de jeunes enfants, Hamsatou Ali, vendeuse de beignets de 55 ans, est elle aussi mobilisée. "j'ai battu campagne pendant deux semaines pour mon candidat, toute ma famille ira voter", dit cette partisane de Seïni Oumarou.
Le chef de la junte, le général Salou Djibo, a appelé sur la radio publique, la Voix du Sahel, les deux candidats à accepter les résultats dans le calme, comme au premier tour: "je vous réitère mon appel au +fair-play+, je vous demande de lancer à vos militants des appels à l'apaisement".
L'investiture du nouveau président est prévue le 6 avril.
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