L'ex-président nigérien Mamadou Tandja est sorti mardi de prison, suite à une décision de la justice, quinze mois après son renversement provoqué par sa volonté de se maintenir au pouvoir malgré une interdiction de la Cour constitutionnelle.
"Toute la procédure engagée contre Mamadou Tandja a été annulée (par la Cour d'appel). Il est totalement exempté des faits qui lui sont reprochés", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Me Souley Oumarou, estimant que son client a été "détenu arbitrairement et illégalement".
M. Tandja, au pouvoir de 1999 à 2010, est sorti mardi après-midi de la prison de Kollo (près de Niamey), où il était incarcéré depuis mi-janvier 2011. Il a été escorté par la Garde nationale (Garde républicaine) jusqu'à domicile dans le quartier du Plateau (centre-ville de la capitale), où l'ont fêté ses deux épouses, des responsables de son parti et un millier de partisans en liesse, sur fond de youyous, musiques et danses traditionnelles.
M. Tandja n'a pas fait de déclaration. Il a toutefois lâché une phrase à une des nombreuses sollicitations des journalistes, entre deux arrivées de personnalités dans son salon. Interrogé sur sa confiance en la justice, il a répondu: "J'ai toujours eu foi en la justice de mon pays".
Plus tôt dans la journée, un autre de ses avocats, Me Abdourahmane Lirwana, avait affirmé que la Cour d'appel avait "définitivement libéré" l'ex-président et, partant, blanchi des trois chefs d'accusation le visant.
"La chambre d'accusation de la Cour d'appel (de Niamey) a soulevé l'incompétence du juge d'instruction pour instruire des affaires concernant un ex-président", avait indiqué Me Lirwana.
M. Tandja était accusé notamment de détournement de fonds publics de quelque 4 milliards FCFA (plus de 6 millions d'euros) et de "refus d'obtempérer à une décision de justice" pour avoir passé outre un arrêt de la Cour constitutionnelle contre l'organisation d'un référendum permettant de prolonger son second et dernier mandat légal (2004-2009).
A ce référendum, organisé en août 2009 et boycotté par l'opposition, le "oui" à un prolongement de son mandat l'avait largement emporté (92,5%), provoquant une grave crise politique qui a abouti à sa déposition par des militaires le 18 février 2010.
Peu après son renversement, M. Tandja a été détenu dans une villa de la présidence. Il avait par la suite été inculpé et transféré mi-janvier 2011 à la prison de Kollo.
La troisième accusation à son encontre concernait à un détournement d'un don de tracteurs au profit de ses proches.
L'annonce de la libération de Mamadou Tandja a provoqué des scènes de liesse à Diffa, sa localité d'origine, dans l'extrême sud du Niger, près de la frontière tchadienne, selon des témoins.
Le parquet n'avait pas encore réagi mardi à cette décision de la Cour d'appel.
Mamadou Tandja avait bénéficié d'une ordonnance de remise en liberté provisoire rendue le 3 mai par la Cour d'appel mais le parquet avait fait appel de cette décision le même jour.
La junte qui l'a renversé a cédé le 7 avril le pouvoir à un président civil, Mahamadou Issoufou, élu le 12 mars avec 58% des suffrages face à l'ex-Premier ministre Seïni Oumarou, un des responsables du parti de M. Tandja.
D'après un rapport de la junte publié durant la transition, des malversations financières portant sur plus de 86 milliards de FCFA (129 millions d'euros) ont été commises sous le régime de M. Tandja.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.