mercredi 4 avril 2012

Niger: Levée de l'immunité de députés - un signal fort contre la corruption

Le Niger de Mahamadou Issoufou ne sera pas une terre d'impunité. En tout cas, si l'on en juge par la procédure qui frappe huit députés, il y a lieu de croire que le pays a décidé de donner un signal fort en matière de lutte contre les voleurs de la République. Ces élus ont été, en effet, dépouillés de leur si précieuse immunité, pour répondre devant la justice de faits les concernant. Ils sont accusés de malversations diverses dans le système prébendier mis en place par l'ex-président Mamadou Tandja. Dès l'arrivée au pouvoir de Mahamadou Issoufou, on savait que la justice irait jusqu'au bout de ses intentions, en alpaguant toutes les personnes liées, de près ou de loin, à cette affaire, sans distinction de leur rang social. Car le nouveau président, démocratiquement élu après la transition militaire, avait mis un point d'honneur à nettoyer les écuries d'Augias. Le président Issoufou ne pouvait donc que donner un coup de pied dans la fourmilière. Même ceux qui se croyaient peut-être à l'abri de sa main de fer, notamment les députés, en subissent la rigueur. C'est connu, l'immunité est souvent le refuge des criminels de tous bords. Grâce à ce manteau protecteur, ils se tiennent bien au chaud, à l'abri des regards inquisiteurs de la justice. Au Niger, cela n'est plus possible. C'est un point important que vient donc de marquer le nouveau régime. D'abord, vis-à-vis du peuple, il tient une de ses promesses-phares de lutter contre la corruption, les détournements et la gabegie. Ensuite, l'élite dirigeante est désormais prévenue : aucun faux pas ne sera toléré. En Afrique, en effet, seules des mesures fortes comme l'arrestation, le jugement et l'emprisonnement des voleurs à col blanc peuvent réfréner les ardeurs prédatrices de certains fonctionnaires. Les rapports annuels des ONG et même des institutions étatiques sur les pratiques liées à la corruption, on le sait, pourrissent dans les tiroirs. Ils ne servent que de décorum dans un paysage institutionnel inopérant, juste bon pour appâter la communauté internationale. Ces rapports ont en réalité peu d'effets sur le phénomène, tant que les décideurs n'en font pas une préoccupation essentielle. Les quelques têtes qui tombent souvent suite à ces révélations, servent juste de moutons du sacrifice, parce que devenues encombrantes. L'opération mains propres initiée au Niger et qui touche les hautes sphères de l'Etat, mérite donc une attention particulière. Bien que regorgeant d'uranium et désormais membre du cercle très restreint des pays producteurs de pétrole, le Niger demeure un des pays les plus pauvres au monde. C'est d'abord l'incurie des élites qui justifie ce paradoxe. En s'attaquant donc aux pilleurs de deniers publics, le président Mahamadou Issoufou entend replacer le pays dans un cercle vertueux, où la justice sociale sera le maîetre mot. Si beaucoup de Nigériens regrettent le régime de Seyni Kountché, malgré son caractère autocratique, c'est à cause de la rigueur avec laquelle il a géré l'argent de l'Etat. Les Nigériens peuvent prendre exemple sur ces années Kountché, en mettant en avant la qualité de sa gouvernance économique. Avec un président aussi déterminé, et un chef du parlement qui se revendique de l'héritage de Kountché, ce n'est plus un rêve de croire à un Niger renouant avec ses valeurs de probité d'antan.

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